Le Juré N2 : entre justice et culpabilité

Clint Eastwood, grande figure du cinéma hollywoodien, en tant qu’acteur dans des westerns, passé à réalisateur acclamé, revient avec le Juré N2, un film de procès haletant mettant en scène Nicolas Hoult, qui a fait bien du chemin depuis la série Skins. 

Justin Kemp (Nicolas Hoult) est un rédacteur pour des magazines, convoqué en tant que juré pour une affaire de meurtres. Il se rend rapidement compte qu’il est le meurtrier de sa propre affaire. Eastwood nous offre alors un récit oscillant entre culpabilité, innocence et justice, dans un ultime film concluant avec brio sa filmographie. 

Le Juré N2 joue autour de la culpabilité du personnage principal, entraînant de nombreuses ‘séquences émotions’ embellies par le jeu des acteurs, mais légèrement forcées par les pistes musicales, appuyant trop le côté émotion. Le choix des musique extra-diégétique durant ces scènes est peut-être le seul élément à ne pas retenir de ce long-métrage tant elles forcent le pathos. Oui, nous savons que le personnage se sent coupable, oui nous savons que tel personnage est tiraillé. Le jeu témoigne parfaitement de cela, et la musique vient insister alors que ce n’est pas nécessaire. 

Outre le point musical quelque peu négatif, le Juré N2 brille par son scénario, signé Jonathan Abrams, et par sa mise en scène. Le thème de la justice est traité à merveille dans ce thriller. Le personnage de Nicolas Hoult fait face à un dilemme : se dénoncer et mettre en péril sa famille, ou garder la face tout en souhaitant traiter ce procès comme il se doit. Ce dilemme moral est une merveille pour ce film, permettant au réalisateur et au scénariste d’aborder le thème de la justice sous tous ces aspects ; doit-on condamner un homme bon et repenti pour un accident ? Doit on innocenter un homme violent ? Qui sommes-nous pour décider de la vie d’un homme ? Encore plus car les jurés ne sont pas qualifiés. 

Le film soulève des questionnements intéressants et philosophiques sans forcément y apporter de réponses trop tranchées, tout en invoquant le thème crucial de la culpabilité, qui va traquer nos personnages, et qui ne partira probablement jamais, comme en témoigne la scène finale. Le développement des personnages est réussi, chacun est étudié en profondeur et chacun a son importance, que ce soit le personnage principal, ou encore sa femme incarnée par Zoey Deutch, ou le personnage d’ancien détective en la personne de JK Simmons. Eastwood dirige brillamment ses acteurs, et toute l’équipe décoration et costume propose un travail précis et réussi, nous faisant croire à l’environnement dans lequel se situe le long-métrage. 

Clint Eastwood signe ici ce qui sera peut être son ultime film:  une fable sur la justice américaine et sur la justice en tant que telle, mettant en scène de façon réussie le scénario original de Jonathan Abrams. Eastwood nous propose un long métrage complet et réussi, ne laissant rien au hasard, et témoignant de son génie de réalisateur, par la finesse de son ultime œuvre.

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