‘5 SEPTEMBRE’ : Quand le spectateur d’un film devient spectateur d’un événement en direct.

  Quand un groupe armé prend en otage la délégation d’athlètes israéliens durant les JO de Munich en 1972, ABC Sports s’empare de l’information, tentant par tous les moyens de retranscrire ce qu’il se passe en direct.

  Réel événement dramatique, ‘Tim Fehlbaum’ utilise le biais du journalisme pour mettre cet événement sur grand écran. À l’instar de Civil War (‘Alex Garland’, 2024), 5 Septembre nous montre un événement tragique sous l’angle de la presse (cette fois-ci malheureusement réel…), meilleure façon de traiter un tel sujet, pour sortir des cadres habituels et apporter une vision plus originale. Durant tout le métrage on a le souffle haletant, les journalistes courent dans tous les sens, la musique extra-diégétique accélère le rythme. Le seul objectif est de transmettre aux spectateurs la vérité de ce qui se cache derrière les murs du village olympique. Parfois on connaît l’histoire, parfois non, et 5 Septembre fait partie de ces films qui vous tiennent en haleine, que vous sachiez ce qu’il va se passer ou non. Le brio du long métrage de Tim Fehlbaum est de nous happer dans cet événement sans que nous n’en voyons les images concrètes. Tout ce qui est montré au spectateur provient des caméras intra-diégétiques, ou des infos données en temps réel par les journalistes sur place, transmises à leurs collègues du studio. La suite des événements nous angoisse, que va t’il se passer ? et comment la presse pourra nous le transmettre ? Nous sommes dans une mise en abîme constante, comme si nous étions nous mêmes spectateurs du live en 1972. Les informés sauront quel dénouement attend les otages, mais quoi qu’il en soit, même eux regarderont l’action le souffle coupé, tant 5 Septembre brille par sa mise en scène.

   ‘Tim Fehlbaum’, que nous avons eu la chance d’interviewer à l’occasion de la sortie du film, atteste sa volonté de retranscrire avant tout la difficulté et la prouesse dont a fait preuve une équipe de journalistes sportifs pour informer la population malgré les problèmes rencontrés. ‘Geoffrey Mason’, interprété par ‘John Magaro’ (dont l’interview est aussi disponible sur notre chaîne YouTube), cherche à tout prix à garder l’antenne malgré la pression d’arrêter le “broadcast”. A travers ce métrage, on raconte leur histoire, celle de ces journalistes et de ces victimes, dans un thriller que Geoffrey Mason à lui-même salué après avoir vu le film, par la justesse des acteurs et actrices, et par la précision avec laquelle est transmise la tension qui s’opéra ce 5 septembre 1972. Saluons la prestation des autres protagonistes tels que la comédienne Léonie Benesch et Peter Sarsgaard qui font monter en puissance cet évènement historique, tristement inoubliable.

 L’idée de mélanger les images tournées avec de réelles captations historiques datant du jour de l’attentat fonctionne à merveille, pour permettre de renforcer l’immersion des acteurs lors du tournage, mais surtout celle des spectateurs, faisant face à un long-métrage plus vrai que nature. Nous sommes voyeurs d’une attaque terroriste que nous apercevons à peine, attendant de manière malsaine le moment où le réalisateur acceptera de nous montrer ce que les journalistes arrivent à filmer.

   5 Septembre de ‘Tim Fehlbaum’ est un chef d’oeuvre que nous avons découverts l’année dernière, mais qui sort ce 5 février, et qui sera surement un des films les plus marquant de 2025, qui ne laissera personne indemne, et qui saura, nous l’espérons, amener plus de réalisateurs et réalisatrices à faire des longs métrages sur des évènements marquant, en utilisant le biais incroyablement efficace et impressionnant du journalisme.

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