The Midnight Club : face à la mort, le combat de la vie
Annoncée en mai 2020, The Midnight Club est disponible sur Netflix depuis ce vendredi 7 octobre. Adaptation du roman éponyme de Christopher Pike de 1994, la série offre un récit aussi angoissant qu’émouvant.
Déjà père de deux séries d’horreur sur la plateforme, Mike Flanagan s’attaque maintenant au roman ayant bercé son adolescence. The Midnight Club, écrit par Christopher Pike en 1994, est un roman horrifique de Young-Adult qu’il décrit lui-même comme un mélange de Nos étoilles contraires et de Fais-moi peur !
C’est en 2019 que Mike Flanagan contacte l’écrivain pour adapter son œuvre préférée sur petit écran. Déjà fan de The Haunting, celui-ci accepte et la collaboration s’impose pour conter l’histoire de ces adolescents en phase terminale. Dans une maison réservée aux jeunes en fin de vie pendant les années 90, ceux-ci se réunissent tous les soirs à minuit au coin du feu pour partager des histoires à faire froid dans le dos. Une promesse est également faite : le premier à mourir devra sortir de sa tombe et tenter de communiquer avec les personnes restantes. Alors que le drame se produit, des événements étranges et effrayants s’enchaînent au sein de la maison.
La maison est différente, mais l’ambiance toujours aussi effrayante
L’avenir d’Ilonka (Iman Benson) est tout tracé : brillante à l’école, celle-ci prévoit d’intégrer une grande université quand elle apprend qu’elle est en phase terminale. Sa détermination à survivre l’amène à Brightcliff, où elle espère que des cas de guérisons miraculeuses ayant eu lieu dans le passé pourront l’aider.
Ayant pris l’habitude de travailler sur des maisons hantées dans The Haunting, Mike Flanagan parvient à rendre les murs de Brightcliff oppressants. Pendant que les jeunes sont eux-mêmes entre la vie et la mort, les apparitions venues d’ailleurs s’incrustent dans le cadre de la caméra. Cette nouvelle série centrée sur des adolescents n’est pas du même ton que les précédentes œuvres du réalisateur : le propos de fond reste travaillé, mais elle traîne moins en longueur et reste divertissante du début à la fin, rythmée par les récits des personnages.
Au fil des histoires contées par les jeunes du Midnight Club, la série brasse de tous les genres en seulement 10 épisodes. Des inspirations venues tout droit de David Fincher, on retrouve aussi bien du thriller que du fantastique, en passant par le folk horror, le slasher, et même le noir et blanc tiré des films des années 40. Monstres, sectes et tueurs se lient pour empêcher nos protagonistes de s’abandonner dans les bras de Morphée une fois la nuit tombée.
Les réunions du club offrent une vraie plongée dans les œuvres de Christopher Pike. Si la série adapte principalement The Midnight Club, d’autres histoires de l’auteur se sont glissées dans celles que se racontent les jeunes avant d’aller dormir. Ainsi, le récit de Kevin The Wicked Heart, celui de Sandra Gimme a Kiss, celui d’Amesh See You Later, celui d’Ilonka Witch, celui de Natsuki Road to Nowhere et celui de Spence The Eternal Enemy, sont tous tirés des romans éponymes de Christopher Pike. Même l’ombre qui suit les patients est un clin d’œil à son livre Remember Me, le préféré de la co-créatrice de la série, Leah Fong.
L’horreur, aussi surnaturel que réel
Alors que la maladie est un combat de tous les jours pour eux, les jeunes du Midnight Club ont quitté le champ de bataille pour profiter pleinement du temps qu’il leur reste. Avec ces monstres qu’ils créent pour se faire peur, chacun met en scène ses propres démons. Dans les histoires horrifiques qu’ils racontent, ils romancent leur propre vie, leur bataille face à leur mortalité afin de mieux l’appréhender. The Midnight Club nous rappelle qu’en tant qu’être humains, tout ce qui reste de nous après notre mort, ce sont nos histoires : « Quand tu vis dans le cœur de quelqu’un d’autre, tu continues à vivre » explique Trevor Macy, le producteur exécutif de la série. Ainsi, la série est un mélange doux-amer entre l’horreur et la poésie de son propos.
Dans l’histoire racontée par Spencer (Chris Sumpter) qui porte sur le voyage dans le temps et l’intelligence artificielle, ce dernier incarne un robot recherché par un homme qui veut le tuer. Au fil du récit, le propos prend son sens : pour rester humain, on doit souffrir. Si l’on élimine la souffrance, on enlève ce qui fait de nous des personnes. Un mantra auquel se fie l’auteur, qui a écrit The Midnight Club alors que sa mère avait le cancer du sein. L’idée du livre lui est d’ailleurs venue quand une petite fille malade lui a raconté que les enfants de son hôpital avaient crée un « Midnight Club » afin de parler de ses œuvres. Elle lui a demandé s’il pouvait écrire sur eux, et, bien qu’il se soit dépêché de terminer son roman, elle est morte avant de pouvoir le lire. La petite fille avait un prénom polonais, et le personnage d’Ilona Pawluk — qui est également un prénom polonais — a été nommé ainsi pour lui rendre hommage
Ces histoires rythment le récit de telle sorte que le spectateur ne s’ennuie jamais. Elle peut même le laisser sur sa faim, se terminant sur un mystérieux cliffhanger. Malgré tout, la série est finement menée et les acteurs assurent leurs différents rôles avec justesse. Chacun d’entre eux joue son personnage, ainsi que ceux des histoires qu’ils racontent, une difficulté qu’ils bravent tous sans accroc. Au casting, on retrouve Igby Riney (Kevin) et Annarah Cymone (Sandra), qui apparaissaient déjà dans Sermons de Minuit. Le réalisateur intègre également la TikTokeuse Ruth Codd, dont c’est la première apparition sur petit écran. Mais Mike Flannagan fait surtout revenir une véritable icône du cinéma de l’horreur, en mettant Heather Langenkamp (Nancy dans Freddy : Les Griffes de la nuit) dans le rôle de l’énigmatique Docteure Georgina Stanton, la fondatrice de Brightcliffe.
Après The Haunting et Sermons de Minuit, la collaboration entre Mike Flanagan et Netflix ne s’arrête pas là. En effet, le partenariat est reconduit pour un nouveau projet qui devrait voir le jour en 2023 : The Fall of the House of Usher, une mini-série d’horreur basée sur les œuvres d’Edgar Allan Poe.
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