LEURS ENFANTS APRÈS EUX – La Jeunesse Intemporelle

Leurs Enfants après eux est une adaptation du roman éponyme de Nicolas Mathieu (2018), portée à l’écran par les Frères Boukherma. Une épopée de la jeunesse des années 90, teintée d’amour, de haine et de revanche, portée par un Paul Kircher de plus en plus doué, déjà deux fois nominé, et nous l’espérons; bientôt officiellement césarisé. 

Dans l’Est de la France, Anthony, un jeune de 14 ans, fait la rencontre de Stéphanie, une jeune femme venant ainsi illuminer sa vie teintée d’ennui. Cette rencontre l’entraîne à une fête, à laquelle il se rend grâce à la moto de son père (sans que ce dernier le sache). Malheureusement, la moto est volée. C’est ici que la vie d’Anthony va prendre un tout autre tournant. 

L’acteur du Règne Animal, à la diction particulière et aux expressions faciales marquées, embrasse le personnage d’Anthony comme si ce rôle lui avait été destiné. L’expression passe autant par la parole que par les gestes, que l’on ne comprend pas toujours, tels ceux d’un enfant perdu, mais qui représentent finalement l’humain qui est en chacun de nous. Le personnage d’Anthony s’affranchit des codes de conduite sociétaux et Kircher l’incarne comme l’être humain original qu’il est : avec son regard ailleurs, ses gestes parasites, ses onomatopées. Tous ces détails de jeu rendent le personnage intensément humain et nous touchent, tant on peut s’identifier à lui, ou tant il fait preuve d’authenticité. Dans ce rôle où il reprend certains aspects de son personnage dans Le Règne Animal (2023), l’acteur nominé deux fois aux Césars plonge tout de même plus loin dans son interprétation, ce qui présage de prochains rôles différents qu’il saura, nous l’espérons, incarner avec tout autant de justesse. 

Paul n’est pas le seul à se démarquer : ses collègues de plateau offrent eux aussi des performances notables, telles que celle de Gilles Lellouche, au sommet, incarnant un père violent, vers sa quête de rédemption, nous sortant du schéma “père alcoolique” dit ‘classique’, en livrant un rôle non-manichéen. Hacine (Sayyid El Halami), prenant le rôle de l’antagoniste, est lui même tout aussi intéressant à suivre, tous disposant d’une évolution travaillée, aidée par l’œuvre initiale très complète, mais adaptée minutieusement à l’écran pour ne rien laisser au second plan. Même Ludivine Sagnier que l’on connaît notamment pour son rôle très oubliable et mal incarné dans Lupin, sait nous happer dans son rôle de mère protectrice et aimante.

Le long-métrage des Frères Boukherma s’ancre dans la réalité des années 90, que nous les ayons vécues ou non, nous donnant envie d’y aller, ou d’y retourner. Ayant la volonté de tourner en argentique, sans succès après un refus des producteurs, les réalisateurs de Teddy apposent un grain d’image sur les personnages et paysages de notre Grand-Est. Les 90s ressortent pour notre plus grand plaisir à travers les décors, les accessoires, les costumes, et la façon de parler, des détails obligatoires mais qui font la différence. Iron Maiden, Aerosmith, IAM; la B.O s’ancre dans ces années-là, des musiques intemporelles, sublimant le long-métrage, jusqu’à une scène finale en musique, sans que ce soit jamais trop, sans jamais trop entrer dans le pathos, toujours dans un équilibre dans les émotions montrées, et celles procurées. 

Quand L’Amour Ouf, se situant dans la décennie précédente, aborde tout autant les thèmes de l’adolescence et de l’amour, Leurs Enfants Après Eux est ce que le film de Lellouche aurait rêvé d’être (amusant quand on sait que Lellouche participe aux deux longs métrages). Le film des deux frères ne force pas l’émotion, le rendant ainsi bien plus authentique que celui de leur confrère.

Leurs Enfants Après Eux représente l’amour innocent, celui qui vous marque et qui ne vous lache jamais, vous replongeant sans cesse dans cet état de gamin amoureux lorsque vous revoyez celle pour qui votre coeur bat à tout rompre. C’est cela qu’incarne Paul Kircher, un amour de jeunesse inoubliable, qui vous aide à avancer quand tout autour est sombre et brisé. De deux ans en deux ans, l’évolution d’Anthony est marquée par un retour constant à l’amour qu’il porte pour Stéphanie quand cette dernière refait surface. Rien ne semble plus important qu’elle à ses yeux, et c’est cette beauté d’un amour enfantin qui nous marque, tandis que le protagoniste découvre les baisers et les relations intimes. Tout hésitant, on suit le jeune homme avec empathie et affection, notre candide des temps moderne.

Leurs Enfants Après Eux nous ancre dans le réel, et réussit son pari : retranscrire la jeunesse d’une époque, par la musique, l’image, et par ses personnages, figures des années 90, représentant une jeunesse intemporelle.

 

LEURS ENFANTS APRES EUX EST DESORMAIS DISPONIBLE AU CINEMA !

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