Le Téléphone de M. Harrigan : une adaptation qui sonne faux

Le film produit par Ryan Murphy et réalisé par John Lee Hancock est sorti sur Netflix ce mercredi 5 octobre. Adapté du court roman éponyme de Stephen King, le long-métrage peine à se développer et à vraiment intriguer.

Le Téléphone de M. Harrigan se centre sur la relation entre un richissime retraité, M. Harrigan, (Donald Sutherland) et Craig, un jeune lycéen interprété par Jaeden Martell (Ça). Ce dernier est embauché pour lire des livres à M. Harrigan, à qui ses yeux font défaut.

Un début émouvant et pertinent

La relation entre Craig et M. Harrigan reste formelle, malgré l’intention du réalisateur de montrer l’importance des séances de lectures pour chacun des personnages. C’est un moment de calme et d’amitié pour Craig et un moment d’échange pour M. Harrigan. Ils ne se contentent pas de lire mais discutent et réfléchissent aussi sur les thèmes des livres qu’ils abordent. Leurs échanges sont convaincants et très profonds, emmenant le spectateur au cœur d’une histoire prometteuse.

M. Harrigan, fort d’expérience grâce à son âge et sa richesse, est comme une sorte de mentor pour Craig, ce qui lui donne confiance en lui au fil du temps. Le personnage interprété par Donald Sutherland a l’habitude de donner à Craig des tickets de loterie en guise de cadeau et Craig finit par gagner 3 000$ au jeu à gratter. Il décide alors d’acheter un téléphone à son ami qui ne possède ni télévision ni radio. Ainsi, le film s’embarque dans une critique du monde virtuel, certes vraie mais peu pertinente en comparaison aux discussions profondes qu’ils ont pu avoir dans les 40 première minutes du film.

Un tournant qui peine à tenir la route

M. Harrigan décède d’un problème cardiaque et la véritable intrigue du film commence à s’installer. Craig laisse le téléphone dans le cercueil en guise de dernier cadeau. S’ensuit un concept séduisant : Craig reçoit soudainement des messages cryptiques du téléphone de Mr Harrigan. Le téléphone devient alors un lien entre la vie et la mort. Les souhaits de Craig s’exaucent, qu’ils soient bienveillants ou malveillants, mais ses problèmes se règlent d’une manière souvent inattendue. Au cœur de cette histoire aurait pu se construire une réflexion sur l’humain, sur la nécessité de tout faire pour réparer un tort. Voire même devenir une réflexion sur ce que chacun ferait en possession d’un tel « pouvoir ». Cependant, Le Téléphone de M. Harrigan n’arrive à cette morale qu’en extrême fin de film et ne se concentre pas pleinement sur les mystérieux messages.

Au contraire : le film poursuit son chemin en racontant l’histoire de Craig, qui fait sa vie à l’université. Le spectateur ne comprend pas forcément vers où se dirige le film qui avait mis un certain accent sur la vie, la mort. On en oublie presque certaines actions surnaturelles qui se sont produites autour du personnage principal, notamment la mort d’un élève de son lycée qui était son harceleur. La première partie paraît complètement détachée de la seconde, sans vraiment trouver un pont pour relier les deux.

Une morale qui apaise

À travers un scénario qui a du mal à s’adapter au grand écran, le film arrive quand même à garder l’attention. Il attire par ses différents messages. De plus, Donald Sutherland livre une performance émouvante dans la peau du mystérieux M. Harrigan. Quant à la fin du film, elle mêle l’impact et l’émotion de la première partie au questionnement assez maladroit du reste du film, quand Craig, qui avait poursuivi des études à l’université, retourne dans sa ville après la mort de sa professeur de lycée préféré. Ayant eu un accident de voiture à cause d’un conducteur soûl, vient enfin la moralité humaine attendue : Craig doit-il demander au fantôme de M. Harrigan de tuer le conducteur coupable ? ou doit-il continuer à vivre normalement après ce tragique accident ?

Le parti pris dans le film n’est pas aussi pertinent que la morale qui découle directement de la question. Craig comprend à travers cette expérience, que M. Harrigan voulait l’aider à passer à autre chose pour aller de l’avant. Cette tension construite tout au long du film est assez rapide à se résoudre dans les quelques dernières minutes du film.

Malgré une adaptation maladroite qui manque d’action, Le Téléphone de M. Harrigan arrive malgré tout à retenir l’attention et à faire monter la tension. Donald Sutherland est passionnant mais le long-métrage souffre de son essoufflement après la mort de son personnage. Jaeden Martell arrive à porter le film mais la réalisation peine à satisfaire les idées principales du film.

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