The Watcher : les murs ont des yeux

Après Monster : The Jeffrey Dahmer Story et The Midnight Club, les séries Netflix continuent de faire monter l’angoisse durant ce mois d’Halloween avec The Watcher, un home invasion mené par le père de l’horreur sur petit écran, Ryan Murphy.

Monster : The Jeffrey Dahmer Story, Le Téléphone de M. Harrigan Ryan Murphy ne chôme pas depuis la rentrée, et ce n’est pas pour nous déplaire. Si l’adaptation de l’histoire du cannibale de Milwaukee bat tous les records, The Watcher se fait discret sur la plateforme depuis sa sortie ce jeudi 13 octobre. À l’instar de celle consacrée à Dahmer, cette nouvelle série est inspirée de faits réels. Elle est en effet tirée de l’histoire de la famille Broaddus, devenue victime de lettres menaçantes peu de temps après avoir emménagé dans le New Jersey en 2014. Les habitants du 657 Boulevard ont alors vendu les droits à Netflix après avoir fait parler d’eux dans la presse.

Dans The Watcher, la famille Brannock quitte New York pour s’installer dans le chic quartier résidentiel de Westfield, où ils ont déniché la maison de leur rêve. Demeure luxieuse pour laquelle le couple (Naomi Watts et Bobby Cannavale) s’est endetté, ce qu’ils vont rapidement regretter lorsque de mystérieuses missives atterrissent dans leur boîte aux lettres. Ils comprennent alors qu’ils sont surveillés par un individu menaçant, qui se fait appeler The Watcher. Leurs soupçons se tournent rapidement vers leurs voisins aux comportements étranges et la paranoïa s’installe…

Beaucoup de suspects…

Si la perspective d’emménager dans l’immense maison du 657 Boulevard relevait du rêve pour la famille Brannock, cela va vite tourner au cauchemar. Dès le début, Ryan Murphy met le spectateur dans l’ambiance en faisant une référence au premier épisode d’American Horror Story, quand le frère handicapé de la voisine entre dans la maison des nouveaux propriétaires sans y être invité parce qu’il y est « très attaché ». Dès qu’ils déposent leurs bagages dans la bâtisse, les habitants du quartier se montrent hostiles envers les Brannock. Ils agissent comme si la maison leur appartenait et se montrent insistants. Ils viennent dans leur jardin ramasser des salades, critiquent leurs choix de travaux, tentent de leur interdire certains changements… Tous rôdent autour de la maison de manière suspecte. Comme dans Mother! de Darren Aronofsky, les voisins invasifs s’incrustent à tour de rôle entre les 4 murs de la demeure.

The Watcher a tout du bon home invasion : une ambiance oppressante, des voisins qui ont tous l’air louches et menaçants, un chef de police plus que suspect… De quoi semer la zizanie et rendre la famille Brannock complètement parano. Harcelé par un corbeau au sein de son propre foyer, le père de famille décide de mener l’enquête alors que les phénomènes étranges se multiplient : le furet de son fils est tué, un homme se cachait dans le monte plat de la maison… le tout allant jusqu’au dérives sectaires supposées du voisinage. L’œil de la caméra est parfois caché dans les buissons, comme si on observait la maison du point de vue du Watcher, renforçant le voyeurisme de la série. Le spectateur devient le harceleur anonyme qui terrorise les propriétaires de la demeure de chaque époque.

…pas de coupable !

En effet, la série sème de nombreuses pistes, mais aucune d’entre elles n’aboutit. Si la véritable famille dont elle s’est inspirée n’a jamais trouvé l’identité de son harceleur, on aurait pu espérer une fin différente pour The Watcher. Car ici le spectateur reste sur sa faim, ce qui peut être très frustrant ; comme s’il regardait un Who done it? sans la résolution finale de l’enquête. Les 7 épisodes sont bien rythmés, mais la fin tombe un peu à plat et on ose presque espérer une seconde saison. On voit que tous les anciens propriétaires sont obsédés par la maison même après l’avoir vendue. L’histoire aurait donc pu continuer avec une nouvelle famille, mais la fin reste ouverte pour la plus grande déception du public.

Pourtant, Dean, le père de famille, était très investi pour découvrir l’identité du corbeau — son intérêt pour celui-ci virant même à l’obsession. Il va de découverte en découverte et malgré tout, il ne peut pas entièrement se fier aux informations qu’il récolte auprès de la police, de sa détective privée, ou même des propriétaires précédents du 657 Boulevard. Personne n’a l’air vraiment fiable et la vie du père se dégrade de plus en plus. Trop occupé par son investigation, le père s’éloigne de sa famille à l’instar d’Ellison Oswalt dans Sinister, qui s’enferme dans son bureau pour regarder ses cassettes. Le personnage de Dean est accablé : il s’est endetté pour pouvoir s’offrir la maison de ses rêves et n’a pas obtenu la promotion qu’il souhaitait à son travail, sa vie de couple pâtit de la situation et il devient trop regardant sur les agissements de sa fille. Les tensions entre lui, sa famille et le voisinage est à son comble. Au début, il tente de garder la face : tel Jean-Claude Romand, il fait semblant de se rendre au travail et cette folie s’ajoute aux précédentes. Plus rien ne va : un parallèle est fait entre sa décente aux enfers et celle de l’un des anciens propriétaires, John, qui a tué toute sa famille. Des liens se tissent entre le passé et le présent : ils mentent tous les deux sur leur job, harcèlent et sexualisent leur fille etc. Dean marche dans les pas de John et ça ne peut que mal finir…

En conclusion, la série embarque le spectateur dans une histoire prenante, mais le laisse sur sa faim. Pour ce qui est de Ryan Murphy, il ne s’arrête pas là car American Horror Story sera de retour ce jeudi 20 octobre. Pour sa 11ème saison, le titre AHS : NYC suggère assez clairement que la Grosse Pomme tiendra un rôle majeur dans cette nouvelle histoire qui se déroulera à différentes époques.

Share: